Tanzanie–Burundi : L’usine ITRACOM inaugurée à Dodoma, un tournant pour l’agriculture en Afrique de l’Est

L’inauguration officielle de l’usine ITRACOM Fertilisers Limited à Dodoma marque un moment décisif pour l’agriculture tanzanienne et un jalon important vers la souveraineté alimentaire africaine. Présidée par Samia Suluhu Hassan, en présence de son homologue burundais Évariste Ndayishimiye, cette cérémonie symbolise à la fois un progrès industriel et un renforcement de la coopération régionale.

« C’est plus qu’une simple usine ; c’est une solution à l’un des plus grands défis auxquels nos agriculteurs sont confrontés », a affirmé la présidente Samia. L’usine ITRACOM vise à réduire la dépendance aux engrais importés, à stimuler la productivité agricole, à créer des emplois et à renforcer les échanges au sein de la Communauté d’Afrique de l’Est.

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L’agriculture représente toujours 70 % des emplois en Tanzanie, 60 % des matières premières industrielles et 30 % du PIB. Cependant, l’utilisation d’engrais reste faible à cause de leur coût élevé d’importation, un déficit que cette usine ambitionne de combler.

Opérationnelle depuis décembre 2022, l’usine affiche une capacité annuelle de 1 million de tonnes d’engrais organo-minéraux, avec une part dédiée à l’exportation. Elle emploie actuellement 1 500 personnes et prévoit d’atteindre 3 000 employés dans sa phase de pleine capacité.

Nduwimana Nazer, PDG d’ITRACOM, a souligné que cette infrastructure est l’une des plus importantes du continent pour la production d’engrais organo-minéraux. Elle produit également 100 000 tonnes de chaux agricole, essentielle pour lutter contre l’acidité des sols, facteur limitant la productivité dans de nombreuses zones agricoles.

Le président Ndayishimiye a salué le projet comme un pont économique entre la Tanzanie et le Burundi, rappelant le parcours personnel du fondateur de l’usine, Adriano Ntigacika, surnommé “Ziranoze”, ancien réfugié devenu investisseur majeur.

« Aujourd’hui, les Burundais ne viennent plus en tant que réfugiés, mais en tant qu’investisseurs », a déclaré Ndayishimiye, insistant sur l’évolution des relations entre les deux pays. Il a annoncé la prochaine construction d’une usine similaire tanzanienne au Burundi, consolidant ainsi cette dynamique de coopération bilatérale.

Pour la présidente Samia, cette usine n’est qu’un volet d’un engagement gouvernemental plus large envers le secteur agricole. Le budget alloué à l’agriculture est passé de 294 milliards de shillings tanzaniens en 2021 à 1,24 billion en 2025. Des efforts sont en cours pour élargir l’irrigation, distribuer des semences de qualité, améliorer l’analyse des sols et accorder plus de 600 milliards de subventions aux engrais sur une période de quatre ans.

Elle a appelé à ce que les produits de l’usine parviennent aux agriculteurs même dans les zones reculées, exhortant les agents de vulgarisation à éduquer les paysans sur une utilisation responsable des engrais.

« Pour moi, chaque bouche devrait avoir de la nourriture, et chaque poche, de l’argent », a affirmé le président Ndayishimiye, résumant la vision que partagent les deux pays : transformer l’agriculture en un moteur de croissance économique, de sécurité alimentaire et de dignité pour les peuples africains.

Avec ce projet, l’Afrique de l’Est avance résolument vers une agriculture plus moderne, plus résiliente et plus intégrée, capable de relever les défis alimentaires de demain en misant sur ses propres ressources, ses talents et sa coopération régionale.

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