Un rapport de l’OCHA alerte sur la fermeture de 635 écoles et la détérioration de la protection des civils dans l’est de la RDC.
Le système éducatif de la province du Sud-Kivu, est au bord de l’effondrement en raison de l’insécurité grandissante causée par les conflits armés. Selon un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) publié le 21 juillet, 635 écoles – soit 7,7 % des établissements de la province – ont été contraintes de fermer leurs portes, privant ainsi 272 500 enfants (dont 146 285 filles) d’accès à l’éducation.
La situation est particulièrement alarmante pour les élèves en fin de cycle. Plus de 20 523 enfants, dont près de la moitié sont des filles, n’ont pas pu passer leurs examens de fin d’études primaires en juin 2025. Ces fermetures massives compromettent non seulement leur avenir scolaire, mais augmentent aussi les risques de décrochage définitif, de mariages précoces et de recrutement par des groupes armés.
Pire encore, 12 écoles ont été directement attaquées ou occupées par des factions armées, transformant des lieux d’apprentissage en zones de violence. « Quand les écoles deviennent des cibles, c’est toute une génération qui est sacrifiée », déplore un responsable local de l’éducation.
Au-delà de l’éducation, le rapport de OCHA souligne une détérioration généralisée de la protection des civils. Dans les territoires de Kalehe, Fizi, Mwenga, Walungu, Uvira, Shabunda et Kabare, 2 244 incidents incluant agressions physiques, violences sexuelles, pillages et enrôlement forcé d’enfants ont été documentés en juin 2025.
Les humanitaires peinent également à intervenir. Plusieurs axes routiers, essentiels pour l’acheminement de l’aide, sont coupés en raison des combats. Les acteurs de la nutrition et de l’eau, hygiène et assainissement (EHA) rencontrent d’énormes difficultés pour atteindre les populations vulnérables, notamment dans les zones de santé de Fizi, Uvira et Mwenga.
Face à cette crise multidimensionnelle, l’OCHA et ses partenaires ont fourni une assistance alimentaire à plus de 408 000 personnes dans la province. Cependant, les besoins dépassent largement les capacités d’intervention. « Sans un retour à la stabilité et un renforcement de la protection des civils, les efforts humanitaires resteront insuffisants », prévient l’agence onusienne.
Le Sud-Kivu s’enfonce dans une crise humanitaire et éducative sans précédent. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 approche, la question reste entière : comment rouvrir les écoles dans un climat d’extrême violence ?
Cédric Bendera