RDC–Ouganda : la réouverture de Bunagana relance les accusations de complicité avec les rebelles

La possible réouverture des postes frontaliers de Bunagana et Ishasha entre l’Ouganda et des zones contrôlées par le M23 dans le Nord-Kivu provoque de vives tensions diplomatiques entre la République Démocratique du Congo (RDC) et l’Ouganda. Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Somo Kakule Evariste, a convoqué ce week-end le consul ougandais Isingoma Kusemererwa pour exiger des clarifications.

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrerait une reprise des activités commerciales à Bunagana, poste frontalier occupé par le M23 depuis juin 2022. Pour Kinshasa, une telle situation équivaudrait à une reconnaissance implicite de l’autorité rebelle par Kampala, ce qui constituerait une violation de la souveraineté congolaise.

Interrogé, le diplomate ougandais a nié toute réouverture officielle, qualifiant ces informations de « rumeurs des réseaux

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sociaux ».

« Je ne suis pas informé personnellement de cette ouverture. L’Ouganda va donner sa position à travers une communication officielle. L’Ouganda reconnaît seulement le gouvernement de la RDC », a déclaré M. Kusemererwa.

Kinshasa exige des explications formelles

Le président Félix Tshisekedi a abordé la question en Conseil des ministres vendredi dernier, ordonnant à la ministre des Affaires étrangères, Judith Suminwa Tuluka, d’interpeller officiellement l’Ouganda. Une source gouvernementale affirme que cette vidéo alimente les craintes d’une

« normalisation de l’occupation illégale » par le M23, mouvement soutenu par le Rwanda selon plusieurs rapports des Nations unies.

Les autorités congolaises soupçonnent Kampala de maintenir des relations ambiguës avec les rebelles du M23, malgré les dénégations officielles. L’Ouganda est régulièrement accusé, tout comme le Rwanda, de soutenir des groupes armés dans la région des Grands Lacs, une allégation que Kampala rejette catégoriquement.

Sur le terrain, la situation reste explosive. Les combats entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et le M23 ont provoqué des déplacements massifs de populations, aggravant une crise humanitaire déjà critique. La méfiance des habitants envers les forces étrangères et les groupes armés ne cesse de croître.

Alors que la RDC attend une réponse officielle de l’Ouganda, les observateurs s’interrogent sur les véritables intentions de Kampala. Certains analystes évoquent des intérêts économiques sous-jacents, notamment liés au commerce transfrontalier, tandis que d’autres redoutent une escalade des tensions régionales.

Prochain épisode : La réaction officielle de l’Ouganda, attendue dans les prochains jours, pourrait soit apaiser, soit envenimer davantage les relations entre les deux pays. En attendant, Kinshasa reste en alerte, déterminé à défendre son intégrité territoriale contre ce qu’il perçoit comme une « balkanisation rampante » de l’Est du pays.

 

 

 

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