RDC: 2 août – Commémoration du début de la Deuxième Guerre du Congo : Dr Denis Mukwege dénonce l’impunité et appelle à la justice internationale

En ce 2 août, date hautement symbolique pour la République Démocratique du Congo, la Nation commémore le début de la Deuxième Guerre du Congo, déclenchée en 1998. Un quart de siècle plus tard, les plaies restent béantes et les violences continuent, en particulier dans l’Est du pays.

À cette occasion, le Prix Nobel de la Paix Dr Denis Mukwege a lancé un message fort. Il a rendre hommage aux millions de victimes congolaises, dénonçant avec fermeté la persistance d’un système d’exploitation, d’asservissement et d’extermination planifiée qui s’inscrit dans une logique de prédation des ressources naturelles du pays.

« L’actuelle guerre d’agression que subissent les Kivus s’inscrit dans la ligne droite d’une planification orchestrée depuis 1998 », a déclaré Dr Mukwege, rappelant que la récente résurgence du M23, soutenu par l’armée rwandaise, s’explique par des intérêts géostratégiques liés à l’exploitation des minerais stratégiques congolais, essentiels à l’économie mondiale.

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Le dernier rapport du Groupe d’experts de l’ONU sur la RDC appuie ces accusations, mettant à la face du monde  l’accaparement illégal des ressources minières dans les zones sous contrôle rebelle.

Dr Mukwege s’en prend également à la diplomatie congolaise, qu’il accuse de privilégier des accords de paix « précipités, opaques et non-inclusifs », au détriment de la souveraineté nationale et de la justice.

« En cherchant à obtenir la paix à tout prix, les autorités congolaises légitiment l’occupation de nos agresseurs et le pillage de nos ressources », a-t-il averti, citant notamment les récents Accords de Washington et de Doha.

Il condamne également la présence prédatrice de certaines entreprises chinoises opérant en RDC, inscrites, selon lui, dans une logique extractiviste néocoloniale.

Le gynécologue de Panzi appelle à la création d’un Tribunal Pénal International pour la RDC, à la mise en œuvre de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, et à l’adoption de sanctions internationales contre les États et groupes armés impliqués dans les crimes de guerre en RDC.

« Aucun accord ne pourra mener à une paix durable s’il sacrifie la justice et le droit international », affirme-t-il.

Le Dr Mukwege alerte également sur un risque croissant de balkanisation du pays, avec l’installation d’administrations parallèles dans les zones minières occupées par le M23/AFC, et la promotion d’un fédéralisme de façade.

« Ces revendications s’inscrivent clairement dans un plan bien huilé visant la création d’un nouvel État dans l’Est du pays. Si notre population ne se réveille pas aujourd’hui, nous risquons d’être la dernière génération à avoir grandi dans les frontières actuelles de la RDC. »

En cette journée de commémoration du GENOCOST terme désignant un génocide motivé par des intérêts économiques , Dr Mukwege se dit encouragé par l’organisation d’activités à Kinshasa, dans plusieurs villes congolaises, africaines, européennes, aux États-Unis et au Brésil.

« Personne ne viendra sauver le Congo à notre place », conclut-il, appelant à la vigilance, à la prise de conscience et à l’action citoyenne pour tourner la page sombre des trois dernières décennies.

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