Un drame bouleversant s’est produit mardi soir dans le camp de réfugiés de Nakivale, au sud-ouest de l’Ouganda. Un réfugié congolais, membre de la communauté Banyamulenge, est décédé après une semaine de grève de la faim. Il protestait contre la suspension de son aide humanitaire.
L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, avait quitté son village de Nyarugugu pour s’installer devant les locaux du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), de l’Office du Premier ministre ougandais en charge des réfugiés et d’autres partenaires humanitaires, notamment le Programme alimentaire mondial (PAM). Il réclamait la reprise de son assistance alimentaire, qui lui avait été supprimée sans explication officielle selon ses proches.
« Je suis vulnérable, indigent, démuni. Je n’ai plus rien. Je préfère mourir sous les yeux de ceux qui me condamnent à mort », aurait-il déclaré, selon plusieurs témoins.
Malgré ses appels répétés, ses cris sont restés sans réponse. Il est mort mardi soir, affaibli, affamé, épuisé, devant les institutions censées le protéger. « Il a tenu une semaine sans manger, espérant qu’on l’entende. Personne ne lui a prêté attention jusqu’à ce qu’il rende l’âme », raconte un autre réfugié.
Son corps a été évacué vers la morgue de l’hôpital du camp, laissant la communauté sous le choc. La tension est vive à Nakivale. Plusieurs réfugiés craignent que cette tragédie ne soit qu’un avant-goût du pire. « Ce n’est que le début. Si rien ne change, d’autres suivront, certains mourront, d’autres se suicideront », alerte un représentant communautaire.
Cette mort intervient dans un contexte de crise humanitaire aiguë. Les réfugiés du camp de Nakivale subissent depuis plusieurs mois une réduction sévère de leurs rations alimentaires – amputées de plus de 50 % – et la suspension de l’assistance en espèces.
Le HCR justifie ces décisions par un manque de financements.
La situation s’est aggravée avec la suspension de l’USAID, l’agence américaine de coopération, qui finançait à elle seule plus de 75 % des programmes d’assistance dans le camp, y compris la distribution de nourriture.
Face à l’urgence, les réfugiés lancent un appel désespéré au HCR et au gouvernement ougandais : ils demandent la recherche urgente de nouveaux bailleurs pour pallier le déficit et éviter d’autres drames.
Le camp de Nakivale accueille actuellement plus de 150 000 réfugiés. Faute d’une réponse rapide et concrète, la faim risque de faire davantage de victimes.