La Société Civile et les Mouvements Citoyens du Sud-Kivu, soutenus par l’ONG UHAKI, ont lancé un cri d’alarme retentissant contre la fermeture prolongée des banques et institutions de microfinance dans les zones occupées par l’AFC/M23. Après cinq mois jour pour jour de cette situation jugée “insupportable”, ces organisations ont adressé une protestation formelle au Ministre National des Finances, exigeant une intervention immédiate pour soulager les populations sinistrées.
Un Contexte de Crise Humaine et Économique
Selon le communiqué daté du 30 juin 2025, la fermeture continue de ces établissements financiers a plongé les populations du Sud-Kivu dans une précarité sans précédent. Les Congolais se retrouvent privés d’accès vital à leurs comptes et à leurs économies, exacerbant une situation déjà précaire et paralysant les activités commerciales locales. Cette situation favorise également l’émergence d’un marché noir illégal, accentuant le désarroi économique.
Les conséquences sont alarmantes : la société civile déplore non seulement une atteinte grave à l’économie locale, mais aussi une violation manifeste des droits socio-économiques fondamentaux des citoyens. Opérateurs économiques, fonctionnaires, enseignants, étudiants et toute personne dépendante des services bancaires sont directement touchés, se voyant refuser l’accès aux crédits et à l’épargne. Des habitants de Bukavu sont contraints de se rendre au Rwanda voisin pour effectuer leurs retraits, entraînant une fuite de capitaux.
La protestation souligne que cette situation contrevient à l’Article 34 de la Constitution de la République Démocratique du Congo, qui garantit le droit à la propriété privée. Elle va également à l’encontre des dispositions de l’Article 75, point 3 de la loi n° 22/069 du 27 décembre 2022, qui exige un traitement rapide des plaintes et la réparation des préjudices subis. L’Article 258 du Code Civil Congolais, Livre III, est également cité, rappelant l’obligation de réparer tout dommage causé à autrui par faute.
Pour la société civile, le gel des avoirs ou la mise à l’index des populations par décision judiciaire pour non-paiement de crédits n’a aucune base valable dans ce contexte de force majeure.
Recommandations et Ultimatum
Les organisations exigent du gouvernement congolais, via le Ministère des Finances, de “procéder à la réouverture sans délai et sans condition” des banques et établissements de crédit.
Elles demandent également la réparation des préjudices causés aux populations des zones sous occupation de l’AFC/M23.
Le communiqué conclut par un avertissement clair : “L’économie ne peut attendre ; les populations ont droit à un accès ininterrompu à leurs ressources financières. Un silence prolongé serait perçu comme une indifférence et un abandon envers la population de l’Est.” La société civile se réserve le droit de “poursuivre le gouvernement pour ces crimes économiques et atteintes aux droits fondamentaux des populations” et menace de passer à “d’autres actions citoyennes d’envergure” si aucune mesure concrète n’est prise.
Alain Kanyombo