Ce jeudi 5 juin 2025, après trois semaines de campagne électorale intenses, les citoyens burundais se sont rendus aux urnes pour choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale ainsi que leurs conseillers communaux. Au moment où nous mettons sous presse, les opérations de dépouillement se poursuivent dans le calme, alors que le pays attend avec attention les résultats provisoires.
Les candidats, leurs partisans ainsi que l’ensemble des citoyens vivent ces instants avec une forte émotion, suspendus au verdict des urnes. Comme dans toute démocratie, cette phase est déterminante et suscite naturellement des interrogations. La principale demeure : les résultats refléteront-ils la volonté populaire ?
Un climat électoral contrasté
Comme lors de précédents scrutins, des voix se sont élevées pour signaler certaines préoccupations. Plusieurs partis d’opposition ont exprimé leurs inquiétudes quant aux conditions dans lesquelles s’est déroulée la campagne, évoquant des cas d’intolérance politique, des entraves à la liberté de réunion, ou encore des discours parfois virulents.
Le ministre de l’Intérieur a reconnu que la plupart des auteurs de ces actes sont des membres du parti au pouvoir CNDD-FDD.
Martin Niteretse s’est personnellement investi et parvenu à interpeller plus de 90 % des fauteurs de troubles. « Les autres sont activement recherchés par la police ».
Les partis proches de la majorité présidentielle, tels que l’APDR, ont salué les efforts consentis par les autorités pour garantir un cadre pacifique et équitable. Ils mettent en avant la volonté des institutions de dialoguer avec tous les acteurs du processus, et de maintenir un climat général de sérénité.
Il est donc clair que la perception de cette campagne varie selon les sensibilités politiques. Cependant, tous s’accordent sur un point : l’importance de préserver la paix sociale et la cohésion nationale.
Durant cette période électorale, les discours ont été nombreux, porteurs d’engagements et d’espoirs. Des initiatives telles que la campagne « Cengetos » ou l’opération « one million » ont marqué les esprits. Mais pour nombre d’électeurs, ces promesses gagneraient à être mieux expliquées et contextualisées pour favoriser un choix éclairé.
L’écrivain Jean Dutourd rappelait avec humour que les discours politiques, comme les menus de restaurant, méritent parfois d’être goûtés avec prudence. C’est un appel indirect à plus de pédagogie et de clarté dans les programmes proposés aux citoyens.
« Faire parler un homme politique sur ses projets et son programme, c’est comme demander à un garçon de restaurant si le menu est bon. Tout ce qui l’intéresse, c’est que vous payez l’addition : ce n’est pas lui qui aura mal au ventre. »
Un autre défi soulevé par plusieurs observateurs concerne l’accès à l’information électorale. Malgré quelques efforts, la sensibilisation des citoyens aux enjeux du vote reste insuffisante. Pour que ce scrutin ait toute sa portée, il est essentiel que chaque électeur comprenne l’impact de son choix et son rôle dans le fonctionnement démocratique.
Le vote est bien plus qu’un devoir civique : c’est un acte de souveraineté populaire. Il constitue le fondement de la démocratie et donne à chaque citoyen le pouvoir de contribuer à l’orientation de la vie nationale.
L’enjeu, aujourd’hui, est de faire en sorte que chaque bulletin glissé dans l’urne traduise un choix réfléchi, une volonté librement exprimée, et une confiance dans l’avenir du pays. La démocratie s’enracine non seulement dans les lois et les institutions, mais aussi dans la conscience citoyenne et le respect de chaque voix.
En cette période cruciale, le Burundi donne à nouveau une occasion à ses citoyens de construire collectivement leur avenir. Le respect du processus, la transparence, la responsabilité de chaque acteur et la préservation de la paix seront les piliers d’une démocratie toujours plus forte.
Inspiré de l’Editorial/IWACU