Accord RDC-Rwanda : « Pour l’administration Trump, il y a un risque que ce soit une victoire en trompe-l’œil »

Présenté comme un coup d’éclat diplomatique, l’accord scellé entre Kigali et Kinshasa à Washington, s’il constitue une étape significative, sera difficile à mettre en œuvre sur le terrain. L’analyse de Romain Gras.

L’image est forte, et le symbole sans aucun doute historique. Le 27 juin dernier, la ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, ont signé un accord sans précédent, aux côtés du secrétaire d’État américain. Un « jour merveilleux », pour Donald Trump, que son conseiller spécial pour l’Afrique, Massad Boulos, qualifiait de « président de la paix », dans l’entretien exclusif qu’il a accordé à Jeune Afrique et The Africa Report.

« L’administration américaine se montre assez optimiste et enthousiaste vis-à-vis de cet accord, même s’il y a un risque que ce soit un peu une victoire en trompe-l’œil », prévient cependant Romain Gras, journaliste de Jeune Afrique spécialiste de la région des Grands Lacs. Sur le front sécuritaire, ce nouvel accord « n’apporte pas de grande nouveauté », observe-t-il.

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Un « pari » risqué

Si « la vraie innovation est la mise en place d’un cadre d’intégration économique qui doit permettre aux États-Unis de projeter leurs intérêts économiques dans la région », celle-ci relève surtout d’un « pari », nombre des intérêts convoités par les États-Unis « se trouvant dans une zone directement concernée par le conflit ».

Dans cet accord, Romain Gras identifie deux failles principales sur le plan sécuritaire. « La première, c’est que la question du M23 est renvoyée au processus de Doha qui, pour l’instant, stagne. » La seconde est la difficulté d’obtenir la neutralisation des FDLR, que réclame Kigali, en même temps que la levée des « mesures de défense du Rwanda » que réclame Kinshasa. « Sauf qu’il y a trois problèmes majeurs qui se posent : le manque de confiance entre les deux pays ; une incompréhension sur la séquence, c’est-à-dire sur qui doit agir en premier ; et le simple fait que ce plan a été conclu à une époque où le M23 n’avait pas encore le contrôle des villes de Goma et de Bukavu. »

Jeune Afrique

 

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