RDC : Des avis controversés autour de la décision du gouvernement autorisant les filles enceintes à l’école

Une circulaire du Secrétariat Général à l’Éducation Nationale datée du 14 juillet 2025, appelant au maintien des élèves filles enceintes dans les établissements scolaires, suscite un vif débat au sein de l’opinion publique congolaise. Intitulée « Circulaire N° MINEDU – NC/SG/80/DEVC/90/1245/2025 », elle engage les écoles à ne plus exclure les élèves enceintes, en conformité avec les engagements nationaux et internationaux en faveur de l’éducation inclusive et de l’égalité des genres.

« Rien ne justifie l’exclusion d’une élève enceinte tant qu’elle souhaite continuer ses études », souligne la note officielle.

 

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Mais si cette mesure vise à lutter contre les abandons scolaires liés aux grossesses précoces, elle divise profondément la société.

Pour de nombreux acteurs engagés dans la promotion de l’éducation et de l’égalité, cette circulaire représente un pas en avant.

Selon des représentants locaux de l’UNESCO et de l’UNFPA, les grossesses en milieu scolaire ont des répercussions économiques, sociales et psychologiques importantes pour les jeunes filles. Interdire l’accès à l’école revient à les condamner à un avenir incertain.

« Permettre la réintégration ou le maintien des élèves mères est une façon de leur accorder une seconde chance, tout en brisant le cycle des inégalités », déclarait une experte en genre et éducation de l’UNFPA.

 

Des avis que certaines organisations de la société civile ne digèrent pas.

Dans une déclaration publique, la Société Civile de Bapere en territoire de Lubero a rejeté la circulaire, qu’elle qualifie de « permissive et immorale ». Elle y voit une porte ouverte au désordre, à l’impunité et à la banalisation des grossesses précoces en milieu scolaire.

« L’école n’est pas une maternité ! » peut-on lire dans leur déclaration, qui appelle à l’annulation pure et simple de la mesure et à l’interpellation du Secrétaire général.

Cette frange de la société estime que la note va à l’encontre de la morale, et questionne l’impact psychologique sur les autres élèves.

Le débat révèle aussi un mal profond dans le système éducatif : la faiblesse de l’éducation à la sexualité. Les modules scolaires sur la santé reproductive sont enseignés tardivement et de manière superficielle, selon les experts.

Dans certaines écoles, les élèves enceintes sont victimes de stigmatisation : des moqueries de leurs camarades, du rejet de certains enseignants, voire de l’exclusion officieuse. D’autres, en revanche, trouvent compassion et soutien, notamment dans les écoles ayant reçu des formations spécifiques sur la question.

Face à la réalité des grossesses précoces, la prévention demeure le levier principal. Elle passe par : une communication renforcée avec les jeunes (médias, discussions, ateliers), un renforcement des cours d’éducation sexuelle adaptés à chaque tranche d’âge, et un accompagnement psycho-social des jeunes filles touchées.

La circulaire du 14 juillet 2025 soulève donc une question capitale et complexe : peut-on exclure une élève enceinte sans compromettre son avenir ? La société congolaise, dans sa diversité, répond encore de manière partagée.

C’est donc un dossier à suivre…

Rédaction

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