Le Rwanda dénonce la BBC pour avoir « blanchi » les FDLR dans un contexte de mise en œuvre de l’accord de Washington

Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a vivement critiqué la BBC, accusant le média britannique de « blanchir » les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé qualifié de génocidaire par Kigali. Cette sortie intervient dans un contexte régional tendu, alors que le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) ont signé, le 27 juin 2025 à Washington, un accord de paix sous médiation américaine, prévoyant notamment le démantèlement des FDLR dans un délai de 90 jours.

Le ministre Nduhungirehe s’est indigné d’un article publié par BBC Gahuza, le service en kinyarwanda de la BBC, titré « Ce que les FDLR disent de l’accord de Washington appelant à leur élimination ». L’article relayait une lettre du chef des FDLR, le lieutenant-général Victor Byiringiro, adressée au président américain Donald Trump, remerciant ce dernier pour son rôle dans la signature de l’accord de paix.

Sur son compte X (ex-Twitter), le ministre rwandais a déclaré :

Advertisement

« Il est inacceptable que la BBC continue de blanchir, d’aseptiser et de promouvoir les FDLR, une force génocidaire que la RDC, le Rwanda, les États-Unis et la communauté internationale se sont engagés à neutraliser. »

Les FDLR, dans leur lettre, affirment qu’elles ne constituent pas une menace pour le peuple rwandais et qu’elles luttent pour « protéger et représenter pacifiquement » les réfugiés rwandais vivant en RDC. Le groupe remet en question la légitimité des opérations militaires menées contre lui entre 2009 et 2015 par les armées congolaise et rwandaise, les accusant d’avoir causé des milliers de morts et de déplacés.

Pour les FDLR, l’accord de Washington, tel qu’il est conçu, ne traite pas les causes profondes du conflit. Le lieutenant-général Byiringiro affirme que seul un dialogue ouvert et inclusif pourrait conduire à une paix durable. Une position rejetée par Kigali, qui considère ce groupe comme un mouvement terroriste formé par les responsables du génocide de 1994, et refuse toute négociation avec lui.

Le président rwandais Paul Kagame l’a réaffirmé vendredi lors d’une conférence de presse :

« Il n’y aura jamais de négociations avec les FDLR. »

L’accord de Washington a été salué par Kigali, Kinshasa, ainsi que l’AFC/M23, qui y est mentionné à plusieurs reprises. Toutefois, sa mise en œuvre reste semée d’embûches. L’ONU, dans une résolution du 2 février 2025, a appelé la RDC à cesser tout soutien aux groupes armés, notamment les FDLR, et le Rwanda à retirer ses troupes soutenant le M23.

De nouveaux pourparlers entre Kinshasa et le M23 sont attendus à Doha, ce qui souligne la complexité des dynamiques régionales, où plusieurs groupes armés continuent d’opérer et où les alliances évoluent rapidement.

Alors que le compte à rebours pour le démantèlement des FDLR est lancé, les enjeux sécuritaires et diplomatiques restent élevés. La paix durable dans les Grands Lacs nécessitera bien plus qu’un simple accord : une coordination rigoureuse, une volonté politique forte et, surtout, un traitement équitable de la mémoire, des responsabilités et des victimes.

Add a comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Advertisement