L’Organisation Action pour la Paix et la Concorde (APC asbl) a soutenu une rencontre de médiation de deux jours, du 27 au 28 juin 2025, entre les agriculteurs et les éleveurs dans la chefferie de Bahema Boga, territoire d’Irumu. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet RESET (Responsive Stabilisation Through Transition), mis en œuvre en partenariat avec Mercy Corps, Justice Plus, SOFEPADI, l’OIM et CORACON, avec le financement du Foreign Commonwealth Développent Office (FCDO) du Royaume-Uni.
Dans le groupement de Rubingo, situé dans la chefferie de Bahema Boga, un conflit persistant oppose éleveurs et agriculteurs. Ce conflit est alimenté d’une part par la destruction des cultures par les troupeaux (grands et petits), et d’autre part par des actes de représailles violentes contre les animaux ainsi que des recours excessifs à la justice.
Que se passe-t-il réellement ?
Les deux parties se rejettent mutuellement la responsabilité du conflit, tout en accusant l’État congolais de passivité. En effet, la divagation des bêtes est devenue monnaie courante dans la région, créant des tensions croissantes.
Les agriculteurs dénoncent le non-respect de la zone tampon de 100 mètres entre les champs et les pâturages, ainsi que l’arrogance et la négligence de certains éleveurs, qu’ils jugent méprisants. Certains éleveurs iraient même jusqu’à laisser volontairement leurs animaux détruire les cultures, refusant ensuite de payer les dédommagements. À cela s’ajoute l’activisme de groupes armés, toujours non neutralisés par l’État, empêchant l’accès sécurisé aux pâturages collectifs.
De leur côté, les éleveurs accusent les agriculteurs d’exagérer les montants des réparations exigées et de privilégier le recours à la justice ou la destruction de bétail au détriment d’une résolution à l’amiable. Ils dénoncent aussi le non-respect de la zone tampon par certains cultivateurs. Ils ont exprimé leur inquiétude face à l’insécurité persistante dans les zones de pâturage, notamment à cause du groupe armé local FRPI, qui vole leurs bêtes, et des ADF, groupe étranger qui massacre les populations, sans intervention efficace de l’État.
À l’issue de cette médiation, un acte d’engagement a été signé, comprenant quelques actions prioritaires, dont :
Organiser des plaidoyers auprès des autorités territoriales et provinciales pour rétablir la paix dans les zones de pâturage ;
Promouvoir l’implication des autorités provinciales dans la gestion des conflits fonciers ;
Sécuriser collectivement les zones tampons entre les espaces agricoles et pastoraux ;
Organiser des rencontres régulières entre éleveurs et agriculteurs pour gérer les conflits et les dédommagements ;
Renforcer les capacités des deux parties sur la loi foncière ;
Appuyer l’octroi de documents fonciers coutumiers aux agriculteurs pour sécuriser leurs terres.
En clôture, John LULIHOSHI, chef de projet RESET au sein de l’APC, a souligné l’importance du principe de volonté exécutoire de l’acte d’engagement :
« Ce qui est décidé durant la médiation devrait être pleinement exécuté, comme un contrat signé entre les parties. »
Communication APC