La République Démocratique du Congo et le Rwanda ont officiellement signé ce vendredi un accord de paix à Washington, en présence du Secrétaire d’État américain Marco Rubio. Cet accord, fruit de la médiation menée par les États-Unis, pourrait marquer un tournant décisif dans l’histoire politique de la région des Grands Lacs, en mettant fin à une décennie de tensions, des tueries et de violences, intensifiées ces dernières années par la résurgence de la rébellion de l’AFC/M23.
Cet accord s’appuie sur la déclaration de principes paraphée le 25 avril dernier. Il a été formellement validé à l’issue de trois jours de négociations ministérielles portant sur des questions politiques, sécuritaires et économiques majeures pour les deux pays.
Parmi les dispositions clés de cet accord figurent :
Le respect de l’intégrité territoriale et la cessation immédiate des hostilités ;
Le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ;
La mise en place d’un Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité, reposant notamment sur le concept opérationnel (CONOPS) du 31 octobre 2024 ;
La facilitation du retour des réfugiés et déplacés internes, ainsi que l’accès humanitaire;
L’instauration d’un cadre d’intégration économique régionale.
Prenant la parole, la cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, a insisté sur l’importance d’une paix réellement inclusive :
« Les cicatrices que nous portons, sur nos corps et dans nos âmes, nous rappellent ce qui ne doit jamais être oublié, répété ou accepté. Il y a quelques jours à Kinshasa, une coalition d’organisations de femmes m’a adressé un message fort : “Nous ne voulons pas d’une paix d’élite — nous voulons une paix réelle, vécue, partagée, construite avec nous.” »
S’adressant directement aux populations de l’Est de la RDC, Mme Wagner a poursuivi :
« Cet accord a été signé en pensant à vous. Il prévoit le désengagement des forces, la protection des civils, le retour des réfugiés et déplacés sous l’autorité du gouvernement, et un mécanisme de suivi pour en garantir le respect. Ce ne sont pas que des mots sur du papier. Ils doivent être traduits en actes, avec justice, responsabilité et volonté politique. »
Le Qatar, partenaire stratégique des États-Unis dans cette initiative, a également pris part aux négociations afin d’assurer la coordination et la complémentarité des efforts de médiation. Les autorités congolaises et rwandaises ont salué l’engagement des deux pays en faveur de la paix dans la région.
Cependant, la signature de cet accord ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique congolaise. Tandis que certains y voient une avancée majeure vers la résolution de conflit, d’autres dénoncent une approche trop simpliste d’une crise profonde et multiforme. Parmi les voix critiques figurent notamment le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, ainsi que la famille politique de l’ancien président Joseph Kabila Kabange.