CEEAC : Le Rwanda claque la porte… et emporte la clé de la présidence

Le 26ᵉ sommet de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) à Malabo a viré au feuilleton politique. Dans le rôle principal : le Rwanda, qui a annoncé avec fracas son retrait de l’organisation. Motif invoqué ? « Instrumentalisation » de la communauté par la République Démocratique du Congo (RDC) et mise au placard de son droit à la présidence tournante.

Selon Kigali, l’article 6 du traité constitutif lui garantissait ce tour de manivelle diplomatique. Mais visiblement, Kinshasa n’était pas prêt à voir Paul Kagame présider les réunions, au point que les chefs d’État ont préféré prolonger le mandat du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Pour le Rwanda, c’en est trop : « Le droit du Rwanda à la présidence rotative (…) a été délibérément ignoré pour imposer le diktat de la RDC », a tempêté le ministère rwandais des Affaires étrangères.

Le désamour ne date pas d’hier. Déjà écarté du sommet de Kinshasa en 2023, Kigali crie à l’acharnement, et pointe l’inaction de l’Union africaine face à ce qu’elle considère comme des manœuvres de sabotage diplomatique.

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Une communauté “économique” à géométrie variable

Derrière ce bras de fer, c’est toute la fragilité de la CEEAC qui se dévoile. Faite pour promouvoir l’intégration régionale, elle semble surtout piégée par les rivalités politiques. En refusant d’appliquer ses propres textes, elle perd un peu plus en crédibilité. Résultat : un goût amer d’organisation “à la carte”, où les principes communautaires se négocient selon les humeurs des membres les plus influents.

Ironie du calendrier : cette crise survient à moins de trois mois du lancement officiel de la zone de libre-échange régionale, prévu le 30 août. Une ambition de coopération économique dans une maison déjà fissurée par les tensions politiques. Côté finances, le budget 2025 s’annonce maigre (38 milliards FCFA), et les contributions des États membres fondent comme neige au soleil.

Un retrait symbolique, un impact limité ?

Heureusement pour la CEEAC, le Rwanda ne pesait pas lourd économiquement dans l’organisation. Les échanges commerciaux y sont faibles, et Kigali n’apparaît même pas dans le top 10 des partenaires africains du Cameroun, première économie de la zone.

Mais attention : si l’impact économique semble limité, l’effet politique, lui, pourrait être viral. La RDC, premier client du Rwanda à l’échelle mondiale (30 % des exportations rwandaises en 2022), pourrait elle aussi se retrouver fragilisée dans ce divorce inattendu.

 

Alors, la CEEAC survivra-t-elle à cette crise de nerfs institutionnelle ? Ou faudra-t-il, comme dans toute bonne série politique, attendre la prochaine saison pour en connaître le dénouement ? À suivre…

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