Des veuves de militaires ont manifesté ce mardi 3 juin devant la mairie d’Uvira, dans le Sud-Kivu, pour exiger le paiement de plus de quatre mois d’arriérés de solde. Ces femmes, dont les maris sont tombés au front ou continuent de combattre les rebelles du M23, ont bloqué le boulevard principal pendant plusieurs heures, criant leur détresse face à l’indifférence des autorités.
Venues de Beni, Goma, Bukavu, Uvira et d’autres zones en proie à l’insécurité causée par la guerre du M23, ces veuves ont bravé les risques pour rejoindre Uvira, où elles survivent dans des conditions précaires. « Nous souffrons avec nos enfants, sans aucune aide. Nos maris sont morts pour le pays, mais l’État nous abandonne », dénonce l’une d’elles, bébé attaché au dos.
À maintes reprises, le gouverneur militaire de l’Ituri s’est indigné de cette situation. Dans une vidéo devenue virale sur internet, le général Jonny Luboya a réagi vivement, dénonçant une « pratique inacceptable » qui impacte négativement le moral des troupes.
« Nos militaires se battent, certains meurent, et leurs veuves doivent mendier leur dû ? C’est une honte pour la nation », a-t-il déclaré, appelant à une résolution urgente.
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De son côté, le porte-parole des FARDC, le général Sylvain Ekenge, lors d’un briefing de presse organisé par le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya le 02 juin et diffusé sur la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), a déclaré que les revendications de ces femmes sont illégales. Selon lui, de nombreuses veuves et orphelins qui manifestent, notamment en Ituri, « ne répondent pas aux critères » établis pour bénéficier d’une prise en charge. Il précise que, pour qu’une femme et un enfant de militaire soient pris en compte, certaines conditions doivent être remplies, en se référant à la loi numéro 13/005 du 15 janvier 2013 portant sur le statut du militaire des Forces armées de la RDC, publiée dans le Journal officiel.
Réagissant sur X (anciennement Twitter), @Jean-Jacques Luboya recommande au ministre de la Défense, Kabombo Mwandiamvita, de saisir cette opportunité pour corriger durablement les lacunes de l’état civil par un recensement général. « En principe, un clic devrait suffire pour obtenir l’information sur un ex-militaire, sans mobiliser l’Inspection de l’armée », a-t-il commenté.
Cette manifestation s’inscrit dans un contexte plus large de défaillances administratives et de retards chroniques dans le paiement des soldes, affectant aussi bien les militaires en service que leurs familles. Les groupes armés, comme le M23, exploitent souvent ces frustrations pour recruter parmi les militaires et les populations abandonnées par l’État.
Les veuves exigent une réponse immédiate du gouvernement central et de l’auditorat militaire. « Nous ne partirons pas tant que nos droits ne seront pas respectés », préviennent-elles.